La France des années noires

Pour les français, l'occupation s'identifia aux privations

Au exactions de l'ennemi et aux bombardement

La classe européenne du lycée Michelet de Lannemezan va travailler sur les échanges avec l'Espagne./Photo C.S.
Ville de Lille bombardé

Le premier véritable contact des Français avec la guerre fut incontestablement le grand exode de 1940. Un exode comme la France n'en avait encore jamais connu, avec près de 10 millions d'habitants des départements du Nord et du Centre chassées de leurs foyers par l'invasion allemande - soit près du quart de la population du pays. Dix millions d'hommes, de femmes et d'enfants utilisant tous les moyens de transport possibles, parfois mitraillés ou bombardés par les avions de la Luftwaffe, voulant échapper à tout prix à un ennemi dont les exact(ions, réelles ou fictives, étaient demeurées dans l'inconscient collectif depuis le conflit franco-prussien de 1870-1871 et de la Grande Guerre. Le phénomène atteignit des proportions si inquiétant que le Maréchal Pétain, dans un des ses premiers discours, adressa sa compassion aux millions de malheureux réfugiés entraînés dans le tourbillon de la guerre éclair. Aussi la première tâche à laquelle s'attela le régime de Vichy consista-t-elle à faire rentrer chez eux, autant que faire se pouvait, ceux que fuyaient éperdument, au gré des circonstances, depuis le mois de mai..En septembre, la situation, même si elle n'était pas encore redevenue normale, s'était stabilisées.

Un souci quotidien : se nourrir

Dès lors, les Français s'habituèrent à vivre les uns en zone nord ou en zone interdite sous l'occupation militaire allemande, les autres en Alsace-Lorraine annexée, et d'autres encore en zone sud, sous un régime qui les appelait à faire acte de contribution, à payer au prix fort l'" esprit de jouissance " qui les avait animés pendant l'entre-deux-guerres et à revenir aux valeurs fondamentales du travail, de la famille et de la patrie.

Leur quotidienne tourna autour d'une nécessité simple mais essentielle : trouver de quoi se nourrir. Dès la défaite, les préfets décidèrent de bloquer à l'intérieur de leurs départements respectifs les denrées alimentaires, afin de pouvoir aux besoins immédiat de leurs administrés. Mai Vichy interdit bientôt une pratique que ne pouvait que mettre en péril la survie des habitants de régions moins favorisées en matière de production agricole. Très vite aussi, il fallut se rendre à l'évidence : la rareté de la nourriture déboucherait à plus au moins court terme l'institution de restrictions et de rationnements. Ce phénomène n'allait pas tenir aux seules réquisitions appliquées  par les allemands - des réquisitions qui ne cessèrent pas de croître au fil du temps. Il résulta également de l'absence dans les campagnes de centaines de milliers d'agriculteurs fait prisonniers en mai-juin 1940, mais aussi du blocus appliqué par les britanniques à l'Europe occupé dès le mois de juillet - un blocus dont le gouvernement de Vichy chercha par de nombreux moyens à desserrer l'étau.

Le rationnement - avec ses corollaire, les cartes et les tickets de ravitaillement - apparut dès l'automne 1940, touchant initialement les produits de première nécessité comme le pain, la viande et le lait, puis la farine, le chocolat, la confiture, les matière grasses, le thé, la chicorée, le poisson et les pommes de terre. Cette mesure fut adoptée de manière à permettre à toute les couches de la population de trouver sur des marchés réglementés les denrées essentielles et une ration calorique minimale. Le secrétariat d'Etat au ravitaillement s'appliqua très tôt à déterminer quelle quantité de nourriture était nécessaire à chaque Français, en tenant compte de différents critères, comme l'âge et l'activité professionnelle.

Dans les derniers mois de 1940, la ration quotidienne était de 350 g de pain, 50 g de fromage et 100 g de matière grasse. Chaque Français recevait par ailleurs 300 g de viande par semaine et 500 g de sucre par mois.

selon les catégories aux quelles ils appartenaient, les gens percevaient une ration plus ou moins importante, les plus favorisés étant les travailleurs de force. Cependant, des attributions spécifiques furent consenties aux hôpitaux, aux cantines.