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L'Angleterre attaqué

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La bataille ayant été perdu sur le continent, la survie

de l' Angleterre dépendait de la maîtrise de l'air

La classe européenne du lycée Michelet de Lannemezan va travailler sur les échanges avec l'Espagne./Photo C.S.

Dans la soirée du 19 juillet 1940, Hitler s'adressa au Reichstag dans les termes suivants : " A présent, je pense qu'il est de mon devoir d'en appeler en toute bonne foi à la raison et à la sagesse de l'Angleterre. [...] Je considère que ma position me permet de lancer cet appel, étant donné que je ne parle pas comme un homme ayant subi une défaite et mendiant des faveurs mais comme le vainqueur s'exprimant au nom de la raison. Je ne vois pas pourquoi cette guerre devrait continuer." Dans la nuit du 1er août suivant, des dizaines de milliers de tracts reproduisant cet "appel à la raison" furent largués sur le territoire britannique.

En Angleterre, certains, tel lord Halifax, un ardent partisan de Chamberlain, insistaient sur la nécessité de négocier avec le Führer. Lancien ministre des affaires étrangères soulignait qu'il ne serait en aucun cas déshonorant de conclure un armistice avec l'Allemagne. La plupart des Britanniques refusaient de reconnaître le caractère désespéré de la situation. L'Angleterre avait désormais un chef, Winston Churchill, un homme qui, dès son arrivé au pouvoir, rejeta toute idée de paix de compromis. Pour ses ennemis et ses critiques les plus acharnés, le nouveau Premier Ministre était un opportuniste sans scrupule et un alcoolique invétéré. Mais c'était aussi et surtout un visionnaire romantique, un homme qui, par son verbe et sa détermination, allait galvaniser tout son peuple pour continuer la lutte.

Faiblesse et atouts britanniques

Si les britannique étaient prêts à se battre contre Hitler, leur armée était réduite à une seule division entraînée, à laquelle s'ajoutaient une division canadienne et une brigade australienne. En cas d'invasion, Churchill prévoyait d'attirer les troupes allemandes dans Londres et de s'y battre rue par rue. C'était un plan courageux, mais le rapport de force était tel que si les Allemands se décidaient à envahir le territoire britannique, ils seraient sans aucun doute vainqueur en fort peu de temps.

L'Angleterre n'en avait pas moins quelques cartes à jouer. Pendant la bataille de France, le chef du Figthur Command, le maréchal de l'air Arthur Dowding, s'était opposé à l'envoi sur le continent d'un trop grand nombre d'unités de chasse. Cette volonté d'économie, très mal perçue par les Français, permis aux Britanniques de disposer de 200 Spifires et 400 Hurricane.  C'était peu face aux 3000 appareils de la Luftwaffe, mais les Anglais disposaient de plusieurs bottes secrètes. Ainsi le Physicien Robert Watsin-Watt avait-il inventé un système de détection, le radar (Radio détection and ranging), qui permettait aux responsables de la défense aérienne de connaître avec une certaine précision le cap et la force des raids ennemis.Par ailleur, Reginald Victor Jones mit au point un systèmpe de contre-mesure au dispositif de radionavigation de la Luftwaffe portant le nom de Knickebein. Pour cela, il utilisa un émetteur de télévision monté au sommet de l'immeuble de la BBC pour infléchir les faisceaux de radio qui guidaient les bombardiers allemands sur leurs objectifs. Mais le plus grand atout de l'Angleterre était sans conteste l'entreprise menée sous la conduite du mathématicien Alan Turing qui était parvenu à "casser" la machine de codage Allemande Enigma. Grâce à l'un des premiers calculateur analogiques du monde, nommé Clossus, il réussissait à décrypter les messages ultrasecret du haut commandement ennemi. Ainsi Turing avait-il intercepté des instructions ordonnant la concentration dans la région de Calais de péniche venues de la Baltique, du Rhin et du Danube.

Opération Lion de mer

La classe européenne du lycée Michelet de Lannemezan va travailler sur les échanges avec l'Espagne./Photo C.S.

Joyaux de la couronne: Le Spitfire une incontestable réussite technique qui permit à l'Angleterre de contrer les offensives massives de la Luftwaffe.

Au début du mois de septembre, dans le cadre de l'opération Seelöwe (lion de mer), les Allemands avaient rassemblé plus de 1200 embarcations et une vingtaine de divisions dans le Pas-de-Calais. La première phase de la bataille se livra du milieu de juillet au début du mois d'août 1940. Elle se révéla fort coûteuse en Hurricane et en Spitfire. Les chasseurs Messerschmitt BF 109 de la Luftwaffe surclassaient en effet les Hurricane britanniques et les Allemands en alignaient quatre fois plus que de Spitfire. En outre, la formation tactique de combat allemande était beaucoup plus efficace que celle adoptée par les Fighter command.

Dowding attendait que la bataille, d'abord livrée au-dessus de la Manche, s'étendit à l'intérieur du territoire britannique. Le 12 août 1940, des nuées de chasseurs BF 109 et BF 110, s'en prirent aux défenses du sud-est de l'Angleterre, mettant hors d'état les stations radar de l'île de Wight et de la côte du Kent. Pendant les trois semaines qui suivirent, d'importantes formations de chasseurs et de bombardiers furent lancées à l'assaut des bases aériennes britanniques. A Manston, ce fut un véritable massacre: les pistes furent transformées en champs constellés de cratères et les pertes furent très lourdes parmi le personnel au sol. De très durs affrontements se déroulèrent au-dessus de la base de Beggin Hill, dans le Kent, qui couvrait les approches sud-est de la capitale. Les combats culminèrent le 30 août, où 30 pilotes furent tués et 36 blessés. Dix jours auparavant, devant la Chambre des communes, Churchill avait rendu hommage à ses aviateurs : " Jamais, dans toute l'histoire des conflits humains, n'ont tant dû à si peu. " En dépit du courage qu'ils affichaient, les pilotes du Fighter Command se trouvaient, vers la fin de la première semaine de septembre, au bord de l'effondrement physique et moral. Du 24 août au 6 septembre, la Royale Air Force avait accusé la perte de 295 Hurricane et Spitfire.

Ce fut en cette période difficile que la technologie vint de manière indirecte au secours des Britanniques.Dans la nuit du 24 au 25 août, des bombardiers allemands guidés par le système Knichebein et en route pour bombarder les usines Stiling et Rochester furent déroutés par des contre-mesures dues à Jones et à son équipe. Ayant décidé de suivre le cours de la Tamise, les avions de la Luftwaffe ratèrent leur cible et lâchèrent leurs bombes sur le centre de Londres et le West End. Dans la nuit suivante, les bombardiers britanniques attaquèrent Berlin., provoquant un choc psychologique profond en Allemagne. Furieux, Hitler donna l'ordre d'orienter l'offensive aérienne sur Londres.

Londres bombardée

La classe européenne du lycée Michelet de Lannemezan va travailler sur les échanges avec l'Espagne./Photo C.S.

Londres bombardée

La Luftwaffe frappa dans l'après-midi du 7 septembre 1940 et revint à la charge dans la nuit, tuant 448 civiles. Ce changement de stratégie donna un temps de répit au Fighter Commpand, qui ne put engager ses chasseurs dans de meilleures conditions. Les Allemands décidèrent alors de frapper un grand coup. Le dimanche 15 septembre, ils lancèrent dans la bataille la plupart de leurs avions disponibles, visant la banlieue sud de la capitale. A la fin de la journée, les communiqués britanniques annoncèrent la destruction de 185 avions ennemis pour la perte de 40 chasseurs - la réalité était différente avec 56 appareils perdus pour les premiers et 23 pour la Royal Air Force. Quinporte, le Fighter Command n'en avait pas moins remporté une grande victoire. Au soir de cette dure journée, le moral des équipages de la Luftwaffe vacillait. On leur avait affirmé que l'Angleterre était au bord du gouffre et, pourtant, le nombre de chasseurs qu'elle jetait dans la bataille semblait inépuisable.