Biographie

 
BIOGRAPHIE ARMSTRONG LOUIS :
Louis Armstrong est né le 4 août 1901 à la Nouvelle-Orléans (Etats-Unis). Abandonné par son père, il connait une enfance difficile et sera placé dans de nombreux foyers. C'est dans l'un de ces foyers qu'il va apprendre à jouer du cornet à piston. Il assiste aux parades des brass-band à la Nouvelle-Orléans et s'inspire des vieux musiciens pour apprendre. Adolescent, il commence à jouer dans ses premiers brass-band et sur les bateaux à vapeur qui naviguent sur le Mississippi. En 1922, il s'installe à Chicago qui est alors le centre le plus influent du jazz et joue comme second trompettiste dans le groupe Creole Jazz Band. C'est de cette époque que datent les premiers enregistrements de Louis Armstrong. Après un bref passage à New York, où il rencontre Sidney Bechet. En 1925, il revient à Chicago et enregistre sous son propre nom.
 

Grâce à une « erreur » d’état-civil, Louis Armstrong aurait eu cent ans en l’an 2000. L’erreur corrigée, quatre-vingt-dix-neuf raisons nous restent de rendre hommage au trompettiste avant le vrai (?) centenaire de sa naissance, le 4 août 2001. Michel Laverdure, y va de son hommage... critique. Difficile de fêter un anniversaire lorsque, a priori, on ignore la date de naissance du bénéficiaire. Or celle de Louis Armstrong demeure assez floue. L’officielle, si l’on peut dire, 4 juillet 1900, aurait été fixée par lui-même à l’occasion d’un recensement: jour de la fête nationale, dernière année d’un siècle, voilà une date facile à retenir pour un gamin quasi analphabète. Depuis, on a retrouvé dans les registres de l’église du Cœur Sacré de Jésus, à La Nouvelle-Orléans, un document situant au 4 août 1901 la date de naissance de Louis Armstrong (Niger illegitimus).

Le tout rédigé en latin ce qui, aux Etats-Unis surtout, donne à cette pièce une incontestable solennité. Il n’empêche que quelques témoins ont situé cette même date un ou deux ans plus tôt. Le flou ne cessant de s’épaissir, disons que Louis Armstrong est né… un jour, ce qui est, après tout, l’essentiel. Ce qui paraît certain, c’est qu’il vit le jour dans Jane Alley Street qui menait de Gravier Street à Perdido Street. Un quartier particulièrement chaud au point qu’on l’avait surnommé le Champ de bataille. On y côtoyait des pasteurs pourvoyeurs de cultes aléatoires, des flambeurs en tous genres, des voleurs à la tire, des adeptes de concours de tir sur cible vivante qui animaient le quartier dès la nuit tombée. Tel le célèbre Red Cornelius, véritable terreur, armé jusqu’aux dents. Plus un nombre incalculable de prostituées. Les rues devenaient boueuses à la moindre pluie, poussiéreuses dès l’apparition du soleil. C’est là que Louis Armstrong apprend la vie dans la plus sombre misère. Son père a quitté sa mère peu après sa naissance, sa mère pratique quelques activités ménagères et d’autres, sans doute, moins avouables. Ce sont ces dernières, je suppose, qui l’incitent à confier l’enfant à sa grand-mère qui lui inculquera un semblant d’éducation. Grâce à elle il entre dans la chorale de l’église. C’est ce qui lui donnera, je pense, l’idée de former un groupe vocal avec quelques copains de son âge. Le groupe parcourt les rues et ramasse quelques piécettes qui seront accueillies avec enthousiasme.

La nuit de la Saint-Sylvestre, il est de tradition à La Nouvelle-Orléans de faire le plus de bruit possible. Bien évidemment, en ce 31 décembre 1913, notre petit Louis a la ferme intention de tenir sa place dans le vacarme. On connaît l’histoire. Armé d’un revolver appartenant à son beau-père du moment et encouragé par ses copains, il a à peine le temps de décharger sa pétoire qu’un policier lui met la main au collet, le traîne devant un juge qui le condamne aussitôt à un séjour dans une maison de redressement, Wail’s Home. Peter Davis, un des surveillants, y fait office de professeur de musique. D’abord réticent à l’égard de ce nouveau pensionnaire venu d’un quartier peuplé de voyous, il l’autorise cependant à participer à la chorale et l’admet ensuite dans l’orchestre-maison. Après le tambourin du début, il lui confie le clairon chargé de ponctuer les événements quotidiens. Plus tard, Louis deviendra le chef de la fanfare. On peut imaginer que dans l’état de misère où il se trouvait alors, l’acquisition d’un instrument n’étant pas envisageable, il aurait peut-être poursuivi sa carrière à la tête d’un groupe vocal. Alors que, dès sa libération quelques mois plus tard, il se considère déjà comme un vrai musicien. Joe « King » Oliver le prend sous sa protection, lui trouve ses premiers engagements, avant de le faire venir à Chicago pour l’intégrer à son propre orchestre.

Sa rencontre avec la pianiste Lil Hardin sera, par la suite, déterminante. Il l’épouse en 1927. Devenue Madame Armstrong, elle va lui enjoindre de quitter « King » Oliver pour voler de ses propres ailes. Cela ne va pas sans mal. Deuxième trompette, n’ayant à assumer aucune responsabilité, aucune initiative à prendre, il considère que ce rôle lui convient à la perfection. Ayant réussi à le convaincre, elle fera de lui le premier grand soliste de jazz. Elle participera même à la création du célèbrissime Hot Five dont elle est la pianiste. On notera qu’après leur séparation elle demeurera toujours fidèle à celui qu’elle avait créé, en somme, de toutes pièces. Au point qu’elle mourut à son piano (1971) en plein milieu d’un concert dédié à la mémoire de Louis Armstrong.

Après son passage chez Fletcher Henderson, en 1925, la renommée de Louis Armstrong n’a cessé de s’accroître. Tous les musiciens sans exception le prennent pour modèle. Pour exploiter au mieux cette suprématie, il se met — ou plutôt on le met — à la tête de grands orchestres. Par malheur, dans la plupart des cas ceux-ci sont affreusement boiteux et falots. Le comble de la médiocrité étant atteint par le groupe réuni à la hâte, chargé de l’accompagner en 1934, pour son premier concert à Paris. On peut donc affirmer que tous les chefs-d’œuvre enregistrés durant cette période sont, pour la plupart, uniquement dus à son propre talent. A partir de 1947, il s’entoure d’une petite formation de forme (sinon de fond) néo-orléanaise. Celle qui se présentait au festival de Nice en 1948 frisait la perfection. On y trouvait Earl Hines au piano, Jack Teagarden son vrai frère tromboniste, Barney Bigard et l’immense Sidney Catlett. Mais aussi, hélas, le tout jeune Arvell Shaw balbutiant à la basse et la piètre vocaliste Velma Middleton dont le numéro se terminait par un pataud grand écart qui, du haut de ses 130 kilos, faisait trembler les cintres et s’extasier un public hilare. Par la suite, les choses allèrent de mal en pis. Combien de Marty Napoleon ou de McCracken eûmes-nous à subir… Sans oublier, bien sûr, durant quatre interminables années l’insupportable Barrett Deems. Un batteur encore plus mauvais que l’inconsistant Sonny Greer — ce qui n’est pas peu dire — mais qui, je suppose, trouvera un jour une des ces éminences grotesques qui, du haut de sa chaire, lui découvrira quelques vertus cachées.

Il ressort de ces faits que Louis Armstrong ne s’est jamais soucié ni de son entourage, ni de la conduite de sa carrière. Alors qu’il aurait pu exiger des partenaires dignes de lui, il a toujours laissé à d’autres le soin d’en décider. C’est ainsi que son dernier manager, Joe Glaser, allait même jusqu’à prendre en charge sa comptabilité et à lui verser une mensualité, sorte de salaire rassurant qui lui convenait à merveille.

Louis Armstrong était, comme on dit, un « brave homme », d’une remarquable générosité. Au point d’adopter le fils de sa cousine Flora disparue peu après sa naissance. Il ne cessera de prendre soin de Clarence Armstrong, handicapé mental, à qui il assurera une rente à vie. Autre exemple qui m’a été rapporté par un témoin : lors du tournage de Paris Blues, Milton Mezzrow, Hugues Panassié et Madeleine Gautier se trouvant dans sa loge, il rédigea un chèque qu’il tendit à Mezzrow, un second qu’il remit à Panassié. Celui-ci, après avoir remercié, ajouta timidement : « Mais nous, nous sommes deux avec Madeleine ! » Et Louis remplit aussitôt un troisième chèque… Je regrette de ne pas l’avoir connu davantage…